L’environnement de l'archipel offrait une vraie tranquillité vis à vis des civilisations continentales. La culture Moken s'est épanouie avec son objet phare, le kabang, bateau représentant le microcosme d'une société. Cela a également permis l'expression de leur idéologie: la chasse en mer, la chasse sur terre, la non-accumulation, la non-violence, l'égalitarisme, le refus d'apprendre et donc d'aller à l'école. Cet Eldorado archipelagique a permis la répartition de zones de rassemblement entre cinq îles principales, chacune habitée par une flottille, correspondant à une famille élargie.
Les Moken maintiennent un équilibre démographique (ils n’ont jamais dépassé 5 000 personnes) et une relative tranquillité. En effet, l'archipel de Mergui était loin de l'emprise des civilisations environnantes jusqu'à l'annexion de la région du Tenasserim par les Britanniques en 1826. Même à ce moment-là, les îles de l'archipel Mergui restaient un lieu isolé, et les Britanniques ne pouvaient imposer des taxes sur les produits Moken que par l’intermédiaire de leurs tokè. Ce terme d’origine chinoise (Hokkien), désigne l’intermédiaire qui permet aux Moken d’échanger les produits de leur collecte contre le riz et d’autres biens de consommation. Des changements rapides ont commencé dans les années 1980, lorsque des milliers de Birmans ont émigré de la Basse-Birmanie vers l'archipel, fuyant les troubles politiques et la détresse économique, entraînant notamment des intermariages systématiques entre homme birmans et femmes moken.
Pendant longtemps, on pensait que l'origine du nom Moken provenait de la partie du bateau qui maintient le bordé, appelé mo, et okèn qui signifie "eau salée". En réalité, l'origine du nom est révélée par le poème épique de Gaman qui a offert à la société Moken son identité. Gaman est un héros civilisateur malais, qui entraîne pour les Moken la transition des ignames (symbolisés par leur reine Sibian), au riz comme base de leur diète. Gaman, marié à Sibian, commet l’adultère avec la sœur cadette de la reine (nommée Kèn). Sibian le condamne alors à être immergé (lemo), avec le groupe mené par Kèn, donnant ainsi l’origine du nom, lemo-ken, devenu Moken.